Yulian Plechkanov

Numériquement parlant Yulian mesure 1m81 et pèse 76kg. Quoi, ce n’est pas suffisant ? Bien, approfondissons cela alors. La première chose que l’on remarque chez lui est sans doute son regard, deux orbes d’un carmin sombre et perçant amplifiant l’impression de prédateur au regard hypnotique. Ce regard lui donne une grande prestance mais n’allons pas jusqu’à dire que son charisme naturel vient uniquement de là. Ses cheveux bruns sont coupés courts par soucis de netteté et aussi de flemmardise, il faut bien l’avouer. Sa bouche, armée de lèvres charnues, attire souvent l'attention, ce n'est pas particulièrement ce qu'il préfère mais il a appris à faire avec, après tout il n'y peut rien. De plus elles reflètent bien souvent son air malicieux, caché sous des sourires équivoques ou mystérieux selon les situations et cela lui plait bien.

Contrairement à ce que laisse présager son apparence de gentleman, Yulian est loin d’être un ange : le mensonge, la sournoiserie et la dissimulation sont chez lui une seconde nature. Le temps aidant, il est devenu un immortel très calculateur. De plus, naturellement intelligent, il peut se révéler être un adversaire de taille. Il possède un certain franc-parler et en joue éperduement. En effet, il aime à donner l’impression, à quiconque le croise, que son comportement est on ne peut plus naturel en jouant sur une pointe d’innocence et donc d’arrogance.
Certes, il accorde peu de cas à la vie humaine et n'hésite pas à tuer si cela est nécessaire ou bien si son désir le lui dicte, se révélant être un immortel avec peu de compassion et faisant preuve d’un sang froid à toute épreuve.
Mystérieux, Yulian semble prendre un certain plaisir à faire languir les gens, à les voir patienter rien que pour lui. Il entretient assurément son côté énigmatique, c'est pourquoi on ne sait que très peu de choses sur lui dans son entourage, même en le côtoyant, tant de ses pensées que de ses projets.
Au final, Yulian est un être étrange et fantastique qui n’appartient ni à Dieu ni au Diable, indépendant et fier, qui n’accepte pas l’aide ni la pitié des autres en cas de besoin mais sait, malgré tout, se montrer loyal et compréhensif envers de très rares personnes auxquelles il accorde son amitié et parfois même un petit bout de sa confiance.

Quoi de plus normal pour un père de vouloir montrer son enfant nouveau-né, qui plus est lorsqu’il a la chance d’en avoir deux, et bien sûr il était attribué peu de cas à la mère décédée en couche. Mais il était bien moins normal qu’un des deux bambins soit la victime de fortes brûlures après seulement quelques minutes passées à la lumière du jour. Les médecins, catégoriques, décrétèrent qu’il n’y avait rien à faire et que l’enfant ne pourrait jamais voir la lumière du soleil sans en être la victime. Dès lors, des directives furent prises, une aile du château vit toutes ses fenêtres obstruées afin de protéger le petit être innocent. Seulement les choses ne s’arrêtèrent pas là… Bien que le bébé n’est aucun problème apparent, il ne semblait jamais satisfait et pleurait à tout va, rythmant la vie du château sur ce qu’on appela ses caprices princiers.

Si les premiers mois ne furent pas durs, les années arrivant Yulian commença à ne pas comprendre pourquoi lui ne pouvait pas sortir de ses appartements tant que le soleil pointait ses rayons sur les terres des Plechkanov. On avait beau le lui expliquer il n’admettait pas sa différence et, bien sûr, outre la jalousie maladive qu’il développa envers son frère et un plus modéremment envers sa jeune sœur plus tard, il devint évident que tant qu’il n’aurait pas expérimenté sa condition il ne l’accepterait pas.
Ou comment ,du haut de ses six ans, il se retrouva caché en haut de la tour la plus isolée qu’il est trouvé, attendant patiemment le lever du soleil. Certes, il avait certainement conscience qu’on devait le chercher partout à l’heure qu’il était, le soleil allant commencer à inonder le monde de sa lumière dans à peine quelques instants. Calmement assis sur la dernière marche de l’escalier qui menait à la tour, il observa les premiers rayons apparaître sur les premières pierres de la tour. D’un geste déterminé, il se hissa sur le palier de l’escalier et tendit prudemment sa main dans la direction des faisceaux qu’il apprendrait à haïr.
Trop choqué par le spectacle que lui offrit sa main ainsi exposée, il en oublia momentanément la douleur. La vision de sa peau brûlant et se désintégrant lentement avait un effet hypnotique ; Yulian n’arrivait pas à s’en arracher et encore moins à bouger d’un seul pouce. Il aurait dû mourir ce jour-là, il aurait mieux fait de mourir ce jour-là …
Seulement l’arrivée inopinée d’une des domestiques mit fin à cette contemplation morbide. Brusquement tiré en arrière, une porte claqua violemment mais il n’en entendit rien, ne sentit rien. Non tout ce qu’il ressentait, tout ce vers quoi son corps était tendu n’était autre que les battements d’un cœur emballé par l’effort et la peur. Une seule obsession, cette veine palpitante qu’elle avait mis sous son nez en le serrant dans ses bras. Et ce fut le drame…
Du rouge vermeil hypnotique et une intense sensation de bien-être plus tard, Yulian dominait de toute sa hauteur un corps avachi à ses pieds sur les escaliers. Décrire ce qu’il ressentait à ce moment là est quelque peu compliqué et les mots ne seraient pas assez intenses … Après avoir eu la présence d’esprit d’enlever les traces de sang qui lui maculaient le visage à l’aide de sa manche, il s’assit sur une marche et observa le corps en dessous de lui, découvrant tous les bienfaits que ce sang lui avait procuré, sa main étant en outre en parfait état. C’est ainsi qu’on le retrouva, religieusement silenceux mais avec quelque chose de plus dans le regard qu’il posa sur les nouveaux arrivants. Un regard qui glacerait le sang à n’importe quel humain… Sans un mot, ni une explication, le jeune Plechkanov partit rejoindre ses appartements. En quelques instants, il avait non seulement accepté sa condition mais il avait aussi appris à l’aimer.
A partir de ce jour, sa jalousie envers son frère se transforma en simple haine alimentée par son arrogance et sa prétention dues à sa condition. Enfermé dans son aile le jour, Yulian s’occupait comme un enfant normal, cependant depuis sa «fugue » rare étaient les domestiques qui osaient mettre les pieds dans cette partie du château. Ennuyé par cet état de fait, le chef de la famille Plechkanov passa un accord avec son fils. S’il s’engageait à ne plus tuer de domestiques, lui consentait à lui offrir un « jouet » par cycle lunaire. Entendez par jouet, un être humain bien évidemment. Ni une ni deux, l’enfant accepta avec une joie malsaine et le petit manège commença…

Avec le temps, la lassitude prit Yulian. Ca ne l’intéressait même plus guère de jouer avec ses victimes avant de les tuer pour tout vous dire. Délaissé par son père qui vivait le jour pour ses occupations que lui infligeait son statut et dormant la nuit comme tout être fragile de ce monde, il aurait pu croire combler sa solitude avec la présence de sa petite demi-sœur mais celle-ci avait plus peur d’elle qu’autre chose. De plus, il savait qu’il devait limiter ses contacts avec elle car, même s’il savait à peu près se contrôler, il n’était pas à l’abri d’un accident et s’il venait à tuer sa sœur, il était sûr que son père mettrait lui-même fin aux jours du jeune meurtrier, fils ou pas.
Non, Yulian commençait à s’ennuyer entre ses cours et ses repas, alors il lui vient une idée toute particulière qu’il s’empressa de soumettre à son père. Il voulait un humain de son âge pour être son compagnon de jeu. Miloslav Plechkanov, père de sa petite tribu, ne chercha pas longtemps le pourquoi du comment et offrit à son fils ce qu’il désirait. C’est ainsi qu’un jeune garçon du nom de Dimitri intégra les âmes prisonnières du château.

Yulian aima immédiatement ce sentiment de pouvoir et supériorité que lui insufflait sa petite persécution tyrannique sur le jeune humain et devient alors rapidement ainsi avec pratiquement toutes les personnes habitant le château. Personne n‘avait le courage de réprimander son comportement de petit prince aux pouvoirs absolus, comportement bien évidemment encouragé par le mutisme du père face au comportement du fils. Ainsi ce qui frappait le plus ceux qui devaient subir les caprices du prince était sans doute son caractère changeant, voire lunatique. En effet, si l’on observait le comportement lorsqu’il s’adressait à son père ainsi qu’aux personnes de leur haute société ou aux amis de son père, il devenait alors l’incarnation du jeune fils sage et bien élevé, ne parlant que s'il y était invité.
Les années s‘écoulèrent ainsi, sans que l’adolescent ne soit déchu du trône qu‘il s‘était approprié. Mais lorsque sonna l’ère de leur seizième année à lui et Dimitri ; ce dernier se sentant pousser soudainement des ailes se fit un point d‘honneur à se rebeller contre cette soi-disant autorité et Yulian ne voyant pas le coup arriver ne put contenir ce mouvement de rébellion et se vit accusé de toutes ces années d’oppression. Cet acte eut le don de le mettre hors de lui mais cette fureur fut bien vite oubliée en faveur de pensées portant uniquement sur une vengeance soigneusement étudiée car il était bien décidé à ne pas se laisser humilier de la sorte. Cependant, il n’avait pas envie de torturer celui qui lui avait servi de calice pendant cinq longues années, une pointe de sentimentalité peut être …
Celui qui a dit que l'automne était une belle saison, devait avoir le regard d'un aveugle qui cherche à se faire entendre, en vérité, c'était un temps à ne pas mettre un chat dehors. Il y avait des feuilles mortes partout, il pleuvait, ce qui n'arrangeait rien, au contraire, les feuilles sur le sol ressemblaient à un gros tas visqueux et poisseux, les grêlons s'y mettaient aussi et le vent, n'en parlons même pas, il soufflait tellement que quelques feuilles qui n'avaient pas encore rejoint les autres sur le sol étaient plaquées aux carreaux des fenêtres. Le pauvre jardinier était tout simplement incapable de travailler avec de telles conditions climatiques mais il s’acharnait encore et encore à essayer de déblayer le gazon mourant d’asphyxie sous l’épaisse couche marron. Un jour idéal en somme pour Yulian qui pouvait se balader dans tout le château et à l’extérieur sans avoir ce maudit soleil sur le dos.
Yulian emmena le pauvre Dimitri dans les bois profonds qui entouraient la demeure en prétextant vouloir s'excuser et lui parler d’une possible entente durable entre eux si il avait seulement le courage de venir avec lui malgré les dangers que procuraient la mini tempête. Le garçon, ne voyant à son tour rien venir, suivit docilement l’héritier prêt à faire ses preuves. Une fois arrivé sur les bords du lac, Yulian se percha au sommet d’un promontoire rocheux et attendit patiemment que son vis-à-vis en fasse de même ; mais une fois ceci fait, l’immortel n'attendit pas une seconde de plus et planta ses canines dans le cou savoureux de celui qui fut son calice. Il buvait, rien d’anormal jusque là, mais seulement, cette fois-ci, il ne s’arrêta pas aussi tôt qu’il le devrait, non il accompagna lentement le corps qui s’était avachi dans ses bras au sol et ne se redressa qu’une fois qu’il n’entendit plus aucun battement de cœur. Il resta là, à contempler le visage de celui auquel il venait d’accorder la mort la plus paisible dont il était capable, pendant plusieurs minutes, avant de terminer son travail. Il attrapa la corde, accrochée à une pierre assez lourde pour faire couler un corps à pic, qu’il avait dissimulée au bout du promontoire et y ligota fermement le corps froid qui commençait à se raidir. Une fois fait, il n’eut qu’à pousser la pierre pour la faire basculer dans le vide, entraînant avec elle le corps sans vie jusqu’au plus profond du lac. Sans un regard en arrière, Yulian rentra au château. Aux questions, il répondit qu’il avait libéré Dimitri de toutes ses obligations. Ce qui était la vérité, en fin de compte, même si les gens pensèrent juste que Dimitri était juste parti aussi loin qu’il le pouvait d’ici. Par cet acte, la réputation du garçon s’améliora à travers le château, si seulement ils avaient su … Cela faisait plus de quatre ans que Yulian n’avait pas eu besoin d’autres humains que Dimitri pour assurer ses repas, le retour aux anciennes habitudes allaient être dur …